Un moulin à eau qui tourne tout seul :
le rêve de Louis Jacques LAUNAY
Louis Jacques Launay est un personnage important à Yermenonville à la fin du 18ème siècle et au début du 19ème siècle. Son père était fermier de Boigneville, où il est né en 1760, et fut lui-même fermier d’Yermenonville et de Boigneville, et premier maire en 1790, puis à nouveau de 1800 à 1826.
En 1822, l’ingénieur chargé de la police des eaux croit tomber à la renverse en lisant un courrier de Launay ; voici ce qu’il met dans son rapport (12) : « le sieur Launay, maire de sa commune, ancien cultivateur et homme très distingué dans sa profession, a eu l’imprudence d’ajouter foi aux rêves d’un ouvrier qui avait conçu l’idée d’établir un moulin à farine sur une eau dormante produite par une fontaine. Des pompes devaient élever l’eau ; cette eau devait imprimer le mouvement à une roue à augets et, réciproquement, la roue à augets devait imprimer le mouvement aux pompes. Le sieur Launay a obtenu le résultat que tout homme ayant la moindre idée de mécanique aurait pu lui prédire. » Bien entendu, cela ne marche pas !
Le moulin se trouvait dans une ferme qu’il avait achetée (aujourd’hui ferme Perrin, rue Hélène Boucher). La fontaine, qui aujourd’hui est captée pour le réseau d’eau potable, alimentait le ru derrière les jardins de Boigneville.
Le dépannage du moulin de Launay
Le moulin étant construit et tout équipé, sans doute à grands frais, il fallait une solution pour le faire marcher. Launay essaie d’abord d’utiliser des chevaux. Mais le coût de ce manège est tel que le moulin ne rapporte rien.
Il ne reste plus à Launay que d’écrire à l’ingénieur des eaux pour lui raconter ses mésaventures, et demander l’autorisation de construire un déversoir et une dérivation pour alimenter le ru et son moulin. On a dû bien rire à la préfecture ! Le moulin pourrait enfin marcher.
Mais la réception des travaux a lieu le 28 août 1827. Launay est mort depuis 6 mois… C’est Madame Georgeon qui hérite du moulin. Il va tourner jusqu’en 1846 seulement, Zacharie Georgeon ayant pris à bail un autre moulin (Bailleau). Les vannes sont laissées ouvertes : les riverains demandent et obtiennent en 1847 qu’on les relève un peu : il n’y avait plus d’eau dans le ru derrière les jardins de Boigneville !
En 1860, Zacharie Georgeon remet en marche le moulin, reconstruit le déversoir et creuse une nouvelle dérivation à cet endroit. Elle est aujourd’hui comblée, mais est visible sur de nombreuses cartes (IGN 1950 par exemple). En 1873, le moulin est vendu à M. Buisson, qui démonte et vend le mécanisme. Mais le vannage est toujours en place, et assure le partage du flux entre la Voise et le ru qui passe derrière les jardins de Boigneville.