La "Carte des environs de Maintenon",
un document d'un intérêt exceptionnel
La bibliothèque nationale possède une « carte des environs de Maintenon », en apparence bien banale, publiée vers 1700 (10) .
Source : Gallica (BNF)
En examinant avec soin la partie de la carte décrivant les bords de la Voise entre Gallardon et Maintenon, on s’aperçoit que la réalisation du canal reliant Gallardon à Maintenon est commencée, mais inachevée.

Le canal n’existe pas encore entre Gallardon et Richenou, ni entre Armenonville et La Villeneuve (à la sortie de Houx). La Voise est donc représentée à Yermenonville dans son état antérieur aux travaux de canalisation de Vauban. 

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Les travaux de construction du canal ont commencé au printemps de 1685, comme le relate F. Evrard dans son article «Les travaux du canal de l'Eure sous Louis XIV» (11) . Evrard a lu la correspondance de Louvois, qui supervisait les travaux de Vauban avec un zèle exceptionnel. On apprend aussi dans cet article que les fondations de toutes les écluses du canal étaient réalisées le 30 septembre 1685, et que le canal fonctionna dès 1686. Comme il y a eu des écluses à Moineaux, on comprend que notre carte nous montre l’état des lieux au début de l’été 1685. 

Evrard nous indique aussi que « Les moulins sur le ruisseau d'Épernon et de Gallardon avaient cessé de broyer en 1685. Occupés par les troupes, ils ne furent pas remis en marche ». De fait, sur la carte, le moulin à foulon de La Villeneuve, atteint par le canal, est déjà détruit. À l’autre extrémité, l’ancien moulin de Richenou a subi le même sort. Le moulin de Bailleau est épargné : il était sur un tronçon de la Voise éloigné du tracé du canal. Et le moulin de Moineaux n’est pas encore détruit : il figure bien sur la carte.
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Comme on sait que le moulin a été détruit, cela signifie que le très ancien bief creusé entre la sortie d’Armenonville et Moineaux a servi de lit à un tronçon du canal. Vauban devait aller vite : il a donc profité de ce bief, déjà élargi au 16ème siècle comme on l’a vu, probablement en l’aménageant, et en séparant son cours de celui de la Voise à l’endroit où il la rejoignait (l’étrange coude à angle droit qui affecte l’actuel cours de la rivière dans cette zone en en est peut-être le résultat). Vauban avait trouvé là une source d’économie de temps et de moyens ! Et notre moulin, qui encombrait le cours du canal, a donc été détruit, comme le signale l’aveu de Madame de Maintenon cité plus haut.