Un petit passage de cet acte de 1567 est riche d’enseignements !
Fréval se situe dans la commune de Gas, au nord-est de l’actuel canal. On avait donc depuis longtemps « deux rivières » (les deux bras de la Voise) au niveau de Fréval, que l’on franchissait sur des « planches » pour passer à pied sec.
Le terme de « vielle rivière » suggère bien que le bras qui alimentait le moulin était une « nouvelle rivière », soit un bief artificiel, commençant vers Armenonville et allant au moins jusqu’à Moineaux et alimentant, sur sa rive droite à Fréval un moulin à foulon, et, à Moineaux, le moulin à moudre le blé.
Ce moulin foulon de Fréval, probablement lui-même assez ancien, était occupé en 1525 par un marchand drapier, Jean Guérin (6) . La force motrice d’un tel moulin permettait, par un système de cames, d’actionner de pesantes pièces de bois dont le mouvement alternatif vertical permettait de « fouler » les pièces de tissu de laine, étape nécessaire dans la préparation de draps.
En 1582, Gaston de Tranchelion, seigneur d'Armenonville cède « à Jacques d'Ecrosnes, seigneur de Boigneville, le moulin foulon sis à Fréval paroisse de Gas tenant d'un côté à la sente et guèze qui va de Boigneville à Gas, et d'un bout au chemin qui va d'Armenonville à Moineaux » (6). Ce chemin correspond sans aucun doute à l’actuelle D116A (voir carte page prévédente). Il vend aussi «une terre à faire filasse (7) , tenant des deux bouts aux deux rivières, à la charge que ni lui ni ses successeurs ne pourront faire bâtir un moulin propre à faire du bled farine en lieu et place dudit moulin foulon ni depuis ledit lieu jusqu'au moulin de Moineaux … ni retenir l'eau de la rivière ou autrement en empêcher le cours ; en conséquence le seigneur d'Armenonville s'engage à faire rompre le saut dudit moulin et de faire élargir la rivière depuis la fosse dudit moulin jusqu'à la guèze, aussi large que la rivière est au droit de la guèze » (8).
Il semble bien que le moulin à foulon gênait le fonctionnement du moulin de Moineaux : Jacques d’Ecrosnes veut s’en débarrasser, et s’assurer que les seigneurs d’Armenonville (encore propriétaires de terres attenantes au bief) n’en feront pas construire un autre ; en outre, il obtient d’eux qu’ils élargissent le bief jusqu’au moulin de Moineaux. Ce bief commence vraiment à mériter son nom de « rivière » !
Ce moulin à foulon a bien été détruit : en 1662, lors de l’achat de Boigneville par Dominique de Ligny, on précise que la seigneurie comprend un « droit de moulin à foulon, avec les mazures restantes du moulin qui autrefois y était construit » (9) .
Notre conclusion est donc que le moulin de Moineaux se trouvait sur un bras artificiel de la Voise, creusé à des temps très anciens au nord de « l’ancienne rivière » depuis Armenonville (et élargi à la fin du 16ème siècle), à la hauteur du hameau de Moineaux, mais sur le territoire des seigneurs d’Yermenonville.