Le Chapitre de ND de Chartres, le troisième seigneur
ermenonville et Boigneville, nous l'avons vu, ont été entre les mains, pour l'essentiel, des seigneurs d'Yermenonville et de Boigneville. Toutefois, il existait depuis fort longtemps une troisième seigneurie, une troisième censive, relevant des chanoines de Chartres, très soucieux de leurs prérogatives. Même s'ils ne se désignaient pas par le titre de "seigneur".
Dans le cartulaire de ND de Chartres, en 1300, Yermenonville et Boigneville apparaissent comme rapportant de l'argent au Chapitre. Ce Chapitre était une institution chargée du fonctionnement matériel et spirituel de la cathédrale de Chartres. Il était composé de chanoines, bien rémunérés, qui percevaient des prébendes dont l'importance dépendait de leur rang. Ils étaient logés dans des maisons situées au sein du cloître Notre Dame à Chartres, qui constituait une enclave autonome dans la ville de Chartres. Ce Chapitre possédait des terres en grand nombre, et se trouvait aussi seigneur de certaines censives. L'évêque de Chartres avait peu d'autorité sur le Chapitre, et avait ses propres ressources financières.

Nous ignorons tout à fait comment cette censive couvrant un certain nombre de petites parcelles, parfois construites, s'est constituée. Peut-être grâce à des dons ou à des legs, en des temps très anciens, comme l'a bien fait Hervé de Boigneville. Ce que l'on sait, c'est qu'elle a été rattachée à la prêtrière de Mévoisin. Une prêtrière était un ensemble de terres ou de seigneuries, donné en prébende à un chanoine, qui en percevait donc le revenu.

Le Chapitre de Chartres avait la réputation d'être rigoureux et âpre au gain, même s'il savait se montrer charitable dans les périodes difficiles (voir l'ouvrage d'André Chédeville cité dans la partie "les origines"). Il exerçait aussi le droit de justice dans les parcelles qui étaient dans sa mouvance. Deux voisins, selon qu'ils habitaient dans une censive ou une autre, à quelques toises de distance, pouvaient donc relever de deux justiciers différents. Deux plans, datant du début du 18ème siècle, montrent bien la dispersion des parcelles relevant du Chapitre : encore un élément du "millefeuille" féodal. 



La justice du chapitre était rendue par le "Maire de Loën" (le cellier de Loën héberge aujourd'hui le centre international du vitrail). Nous disposons d'une sentence de ce juge, qui nous donne la seule trace que nous connaissions des effets des guerres de religion à Yermenonville : pendant ces guerres, plusieurs habitants d'Yermenonville et de Boigneville avaient, de leur propre chef, reconnu le seigneur de Boigneville comme leur seigneur, en lieu et place du chapitre de Chartres. En 1603, les guerres ayant pris fin, le Chapitre remit la main sur sa censive !

Enfin cette enclave du chapitre donna lieu à des conflits répétés avec les seigneurs d'Yermenonville et Boigneville, et à de remarquables échanges d'amabilités. Nous en parlerons ultérieurement.
Plan d'Yermenonville, datant du début du 18ème siècle, sur lequel les maisons du village  relevant du Chapitre de Chartres sont entourées de rouge. Il existe un plan comparable pour les parcelles de terre cultivable.

Source : AD28, Archives du Château de Maintenon, cote : 60 J NC 163
Plan de Boigneville, datant du début du 18ème siècle, sur lequel les maisons du village  relevant du Chapitre de Chartres sont entourées de rouge. Il existe un plan comparable pour les parcelles de terre cultivable.

Source : AD28, Archives du Château de Maintenon, cote : 60 J NC 163