L’ÉTAT DÉPLORABLE DES PETITES ÉCOLES EN FRANCE AU 19ème SIECLE
En 1833, un rapport est rédigé par M. LORAIN, fondé sur les observations de 400 inspecteurs dans l’ensemble du pays. Le constat est accablant :
« Les inspecteurs n’ont poussé qu’un cri de détresse ; et, si les récits de quelques-uns d’entre eux n’étaient capables d’émouvoir jusqu’aux larmes, en songeant à ces pauvres enfants qu’on entasse dans des foyers d’infection et d’épidémie, qui pourrait garder son sérieux à la lecture de ces combinaisons comiques, de ces réunions contre nature, inventées par la plus extrême misère ou par le plus sordide intérêt pour reléguer l’instruction primaire dans un repaire qui ne coûte rien à personne ? ….
Le jour y est si faible qu’on ne peut y tailler une plume… Aussi, l’aspect des enfants est triste comme le local humide qui les renferme… Vous ne trouvez ici que teints pâles, que visages abattus, que langueur dans tous les mouvements. Les parents, avertis par une fâcheuse expérience, retirent successivement les enfants de l’école…..
A Ermenonville-la-Petite, la classe se fait dans une petite chambre obscure, où il m’a été impossible de rester plus de cinq minutes, sans aller respirer à la porte. Les enfants y sont privés d’air et de jour. »
Inutile d’en rajouter ….. Il faut cependant tenir compte du fait que ces inspecteurs étaient, pour l'immense majorité, des gens éduqués vivant en ville. Ils ne se rendaient absolument pas compte du fait que les villageois vivaient en général dans des habitations dont le confort n'était guère supérieur à celui des locaux scolaires : maisons en bauge, couvertes en chaume, dotées de peu d'ouvertures, sombres et peu chauffées. Dancs ces conditions, ils n'étaient pas choqués de l'état des écoles, à la différence des inspecteurs.
A YERMENONVILLE AUSSI, L’ÉCOLE EST DÉLABRÉE AU 19ème SIECLE
On a vu que, dès le début, l’école était un bâtiment très peu adapté à sa fonction, à nos yeux d'aujourd'hui. Le bâtiment en bauge, couvert de chaume, était sans doute peu ou mal entretenu.
En 1841, de menus travaux sont entrepris, et la municipalité examine la possibilité d'une reconstruction, sous l'angle des subventions de la part de l'état. Sans suite dans l’immédiat.
En 1842, on achète un poêle pour chauffer enfin la salle de classe. En 1851, un incendie dans le village atteint le chaume de la toiture, qui brûle en partie, et on répare les murs de clôture.
En 1852, Pierre Defréville, agent voyer cantonal, fait un état des lieux : le constat est accablant (4) !
Source : AD28, cote 1O 547
On y lit : "Le bâtiment, tant sous le rapport de la salubrité que sous le rapport de l'usage auquel il est destiné, est complètement impropre. La classe est trop petite, basse de plancher, mal éclairée et surtout mal aérée ; aucune séparation ne partage les deux sexes, en un mot cette salle est fort malsaine, et ne satisfait en rien aux règlements. Il n'y a pas de latrines, quelques paillassons placés dans un angle de la cour remplace les lieux, et les deux sexes n'y sont nullement séparés. Le logement de l'instituteur est composé d'une seule pièce, très basse de plancher, et à peine éclairée par une mauvaise et très petite croisée."
Nous sommes en 1852 : l'école va cependant rester encore dix ans dans le même état, en attendant la construction de la nouvelle École-Mairie !