La famille CHAMPELIN à Boigneville et l'arrivée de la famille d'ECROSNES
omme on l'a vu, Hervé de Boigneville, héritier de son père Ingelbert, entre au couvent de Josaphat vers 1130. Dans la donation faite par Hervé de terres à Moineaux, celui-ci cite sa soeur Ameline et Bernard Champelin, son époux, leurs enfants Guillaume et Seguin, son autre soeur Marie et son époux Rainald, pour préciser qu'une part de ses terres de Moineaux revient à Ameline et Bernard et non à Josaphat. Mais il leur a fait une autre donation, du reste de ses biens (dont Boigneville), qui ne concernait pas Josaphat, et dont nous n'avons aucune trace. 
BERNARD CHAMPELIN



Bernard Champelin
a-t-il donc été vraiment seigneur de Boigneville ? Nous n'en avons pas de preuve directe. Cependant, il apparaît plusieurs fois (en latin : Bernardus Campelinus) dans le Cartulaire de l'abbaye de Josaphat comme faisant partie de l'entourage des seigneurs de Gallardon dont il était manifestement vassal. Mais surtout, ses descendants et héritiers directs sont identifiés comme seigneurs de Boigneville, ce qui semble bien confirmer qu'il l'était lui aussi.  Bernard Champelin apparaît pour la dernière fois vers  1149 dans le cartulaire de Josaphat, comme témoin lors de la confirmation par Hervé, seigneur de Gallardon, de toutes les donations faites à Josaphat dans son territoire.



C'est son fils Guillaume Champelin qui lui succède manifestement : il apparaît dans le cartulaire avant 1148 comme témoin, mais n'était sans doute pas encore seigneur de Boigneville. Il ne le sera que vers 1150, après la mort de son père Bernard qui, dès cette année n'apparaît plus comme témoin parmi les vassaux habituels d'Hervé de Gallardon. Une note de Lucien Merlet dans son édition du Cartulaire des Vaux de Cernay (4) mentionne ce Guillaume Champelin en 1195. Dans ce même cartulaire, en 1204, l'évêque de Chartres, Renaud, confirme des donations de dîmes, dont celles de Gassonville données par Guillaume Champelin, et celles de Boigneville (Bulgnevilla), données par une certaine Albérède, sans doute veuve de Guillaume, et "dame de Boigneville".



Son successeur et certainement fils aîné, Gervais Champelin,  apparaît dans le cartulaire de Josaphat en 1207, comme vassal de Guillaune du Coudray (la seigneurie du Coudray, sur le territoire de Bailleau, dépendait de Gallardon). Il est marié à une certaine Philippa ; ses deux fils Guillaume et Girard sont cités.



Le Dr Gillard nous assure que Guillaume II Champelin apparaît dans le Scriptum feodorum de Montis fortis (Monfort) rédigé en 1230, et cite son testament daté de 1265, rédigé de concert avec sa femme Jeanne, évoqué par le tabellion de Boigneville, Guillaume Allix en 1663.



Le dernier seigneur de Boigneville appartenant à la famille Champelin est Gervais II qui apparaît en 1285 lors d'une vente de dîmes à l'abbaye de Josaphat.




Nous devons reconnaître que nous ne savons pas grand-chose de cette lignée Champelin comme seigneurs de Boigneville. Cependant, comme on le verra, les seigneurs de Boigneville appartenant à la famille d'Ecrosnes diront que leurs prédécesseurs étaient "fondateurs et patrons" de l'église de Yermenonville  (5). Cela signifie qu'ils ont financé la construction d'une église à Yermenonville : probablement l'édifice du 13ème siècle dont il reste un bas-relief présent dans l'église actuelle, bâtie elle au 15ème siècle. Et, en contrepartie de cet investissement, les seigneurs de Boigneville percevront pendant longtemps des dîmes inféodées (6).



Vers la fin du 13ème siècle, le premier seigneur de Boigneville appartenant à la famille d'Ecrosnes est Nicolas (dit aussi Colin). Cette famille qui tire son nom du village d'Ecrosnes, dont elle a été seigneur au début de l'ère féodale, n'a plus vraiment de lien avec ce lieu (si ce n'est sans doute la possession de quelques terres). Le Dr Gillard, mais aussi Maurice Vié (7) donnent des indications sur la généalogie de cette famille, qui avait d'autres possessions que Boigneville (dans le comté de Monfort, Esclimont, Oysonville, etc.).

Ce Colin d'Ecrosnes est devenu seigneur de Boigneville vraisemblablement par sa mère, héritière de la famille Champelin. Mais ce n'est pas la première fois qu'un membre de la famille d'Ecrosnes met un pied à Boigneville : un certain Joscelin d'Ecrosnes et sa femme Odette y ont acquis une maison par échange en 1230, du temps de Guillaume II Champelin. Le parchemin attestant de cet échange est magnifique ; le sceau des Ecrosnes y est encore attaché : trois annelets disposés 3-2-1.



Colin a eu deux fils Simon et Garin. Simon fit une donation (8) à l'abbaye des Vaux de Cernay en 1317, qui fut versée annuellement jusqu'au 18ème siècle avec, évidemment, des contestations récurrentes par ses successeurs ... A sa mort, la seigneurie de Boigneville passa à son frère Garin, puis à son neveu Renault. Ceci nous mène vers 1350 date à laquelle nous voyons apparaître pour la première fois dans nos archives les seigneurs d'Yermenonville.

GUILLAUME CHAMPELIN
GERVAIS CHAMPELIN
GUILLAUME II CHAMPELIN
GERVAIS II CHAMPELIN
NICOLAS dit COLIN d'ECROSNES
SIMON, GARIN ET RENAULT d'ECROSNES
Dans ce document sur parchemin, daté de 1230, rédigé en latin, nous voyons un certain Joscelin d'Ecrosnes et sa femme Odette, sous le sceau de Jean d'Ecrosnes (frère de Joscelin), acquérir une maison à Boigneville par échange de terrain avec un certain Coquillet.