YERMENONVILLE : la famille de MESALLANT entre en scène
es premiers seigneurs d'Yermenonville nous restent inconnus (pour le moment ...). Le premier que nous voyons apparaître indirectement s'appelle Foulques de LOUDUN. Nous ignorons totalement comment il a bien pu se trouver à la tête d'une seigneurie éloignée de ses terres d'origine (en Anjou). Il fut toutefois le parrain de Foulques de MESALLANT auquel il donna, en plus de son prénom, la seigneurie d'Yermenonville.
LES DEUX FOULQUES, LOUDUN ET MESALLANT
On ne sait pas grand-chose sur ce Foulques de Loudun, sauf qu'il n'était certainement pas seigneur de Loudun : ce sont les comtes d'Anjou qui l'étaient. Beaucoup de personnages avaient pris l'habitude de s'appeler "de Loudun" : c'étaient les capitaines du château de Loudun. Ce château et son donjon avaient une importance stratégique pour les comtes d'Anjou, qui en organisaient donc la défense (9). On trouve par exemple en 1129 un Aimery de Loudun, dont un fils, également nommé  Foulques se maria à Athénaïs de Pressigny (10). Peut-être que notre Foulques en descendait, ou avait été capitaine du château de Loudun, mais il est certain qu'en 1350, date de son apparition dans nos archives, il ne l'était plus (9).

En 1355, Jeanne d'Ecrosnes, probablement veuve de Renault d'Ecrosnes, se reconnaît comme vassale du seigneur d'Yermenonville, Foulques de Loudun, pour la seigneurie de Boigneville (11).

On notera qu'un texte parle de "l'hébergement" de Bonneville (ce nom était utilisé jusqu'au 18ème siècle pour Boigneville). Cette demeure n'était sans doute pas digne d'être appelée château !


Plus tard, en 1403, c'est Guy (ou Guiot) d'Ecrosnes, fils de Renault, seigneur de Boigneville, qui reconnaît être vassal du seigneur d'Yermenonville, Foulques de Mesallant, filleul de Foulques de Loudun (11) . Le texte de l'aveu décrit la seigneurie de Boigneville avec "son hôtel clos à eaux, cour, granges, étables, colombier non peuplé et en ruine, terres et dépendances, dîmes, cens, rentes, droits de rouage et persage" (11). Il y avait donc déjà un logis entouré de douves à Boigneville, mais l'ensemble ne semblait pas être en très bon état !

Mesallant (ou encore Mezallan) nous est décrit comme un tout petit fief situé sur la commune de Grogneul (12), que l'on retrouvera plus tard, en 1502, dans les mains de la famille d'Escrones, sans doute à la suite d'un rachat.






Les descendants de Foulques de Mesallant se sont rendus célèbres par un crime odieux (13), accompli avec quelques complices : en 1401 Jean de Mévoisin, Philippe de Mesallant, Jean de Mesallant (fils de Foulques dit aussi Fouquet) et Jean Meriau sont condamnés par le Parlement de Paris pour s'être attaqués à Thibault Dubois, prêtre vicaire de saint Piat, à qui ils devaient de l'argent.

 "Dans sa maison, l'ayant frappé de plusieurs coups d'épée sur plusieurs parties de son corps, fait plusieurs blessures à son bras gauche, et lui ayant coupé la main droite en sorte qu'ils l'avaient mis hors d'état de dire le saint sacrifice de la messe à l'avenir".

lls sont condamnés à faire amende honorable, nue tête, vêtus d'une simple chemise, un genou en terre, à demander pardon au vicaire, et à lui verser une rente annuelle de 30 livres, en plus d'un capital de 300 livres. En outre, ils doivent rester en prison jusqu'au versement d'une amende de 200 livres à la justice du roi, et leurs biens sont saisis. Parmi les biens saisis, ceux qui étaient situés à Yermenonville ont été vendus par adjudication, et rachetés par Foulques (ou Fouquet) de Mesallant, père d'un des coupables, et seigneur d'Yermenonville aux environs de 1400. L'ensemble de ces sommes, très importantes à l'époque, est à l'origine du déclin de la famille de Mesallant, qui ne s'en relèvera jamais.

On retrouvera en 1461 un descendant de ce Fouquet, Jean de Mesallant, qui aura bien du mal à résister à Jean d'Ecrosnes qui ne voulait plus être son vassal. Ce sera le début de la fin des  Mesallant comme seigneurs d'Yermenonville : ils finiront par vendre leur seigneurie à la famille d'Ecrosnes, en plusieurs étapes.

LES MESALLANT  ET LEURS COMPLICES S'ATTAQUENT AU VICAIRE DE SAINT-PIAT
Source : Grand Inventaire du Château de Maintenon, établi au 18ème siècle, recensant et décrivant tous les documents relatifs aux propriétés du marquisat, dont Yermenonville et Boigneville. AD28, Cote  60J NC 395.