Les domaines ruraux de l’époque gallo-romaine furent attribués à des envahisseurs qui s’en étaient emparés, ou les avaient reçus en reconnaissance de leurs mérites particuliers…
Chez nous, ce sont des Francs qui s’installèrent, et la coutume s’installa de désigner les domaines ruraux par le nom de leur propriétaire. C’est peut-être un Germinius et un Bulinius qui donnèrent leur nom à Yermenonville et Boigneville. Ou encore un Irmino et un Bunino. On ne sait pas trop comment ces noms pouvaient être prononcés, dans le bain linguistique de l'époque mêlant le latin et les idiomes gaulois et germaniques.
Les textes anciens, souvent rédigés en latin, donnent eux-mêmes des versions différentes de ces dénominations, parfois à quelques lignes d’intervalle … Citons par exemple le Polyptyque de ND de Chartres où l’on trouve Bonervilla (dans un contrat du VIII ème siècle), le cartulaire de l'abbaye de Bonneval où l'on trouve Bunena Villa en 1094 ; un Pouillé de 1250 où Lucien Merlet a trouvé Germinionis Villa, le cartulaire de ND de Chartres (1300) où l’on trouve Bulglainvilla et Hermenonvilla, suivis peu après de Ermenonvilla prope Hussum (Yermenonville à côté de Houx, ce qui élimine l’hypothèse qu’il s’agisse de l’actuelle Ermenonville la Grande), un acte d’échange de terres citant Boigneville en 1230. Plus tardivement, on trouve Iermenonville, Hiermenonville, Germenonville, Boingneville, Baigneville et enfin Bonneville (très en usage aux 17ème et 18ème siècles).
Toujours est-il que cette désignation des deux domaines, formée à partir d’un nom germanique suivi du suffixe « ville » typique de l’époque mérovingienne, est très fréquente dans la région. André Chédeville, grand spécialiste de la région de Chartres, considère que sur 365 noms de lieux se terminant en « ville », seuls 30 ne sont pas construits sur ce modèle. Plus tard, à l’époque carolingienne, c’est le suffixe « villiers » qui sera utilisé.
Pendant la période carolingienne, on n’a guère d’information sur Yermenonville. A cette époque (VIIIème – Xème siècles), le mode dominant d’exploitation des domaines ruraux évolue. Le maître d’un domaine le découpe en manses (parcelle contenant une habitation et assez de terres pour loger et nourrir une famille), qu’il attribue souvent à des familles d’esclaves (manses serviles), en échange d’une part des récoltes ou d’argent, mais surtout de temps consacré (corvée) à la culture de son propre manse seigneurial, encore appelé réserve.
Dans le Polyptyque de ND de Chartres, un certain Gaufridus (Geffroy) constitue au VIIème siècle une dot pour sa femme, contenant, entre autres, le manse seigneurial de Bonervilla (Boigneville) et quatre manses serviles où habitent six esclaves nommés : Galastus, Ergarius, Pascarius, Marlinus, Polita et Amelberga. Ce sont les premiers habitants de Boigneville dont les noms nous sont connus !
uant aux Romains : à partir du Vème siècle, leur empire s’effondre peu à peu sous l’effet de ce l’on appelle les « invasions barbares ». Il s’agit en fait de l’arrivée progressive de tribus germaniques, en vagues successives, n’hésitant pas à conquérir par la violence les territoires habités : les populations autochtones furent assujetties aux nouveaux arrivants, et peu à peu assimilées ; du moins celles qui survécurent à ces époques de pillage et violence…