La fin de la dynastie d'Ecrosnes à Boigneville et Yermenonville
Tout avait pourtant bien commencé pour François d'Ecrosnes, qui semble né avec une cuillère d'argent dans la bouche. Lors de son mariage, le 22 septembre 1601, avec Catherine de Chazé, il reçoit de ses parents en dot et avance sur héritage le château de Boigneville, avec une partie des terres et des revenus de la seigneurie. En 1607, pour éviter toute querelle d'héritage, Jacques d'Ecrosnes vend à son fils François et à l'épouse de ce dernier ce qui lui reste de la seigneurie de Boigneville : droits de justice, persage, pêche, rouäge, levage, de mets et autres droits, et le reste des terres et rentes.

Deux points de ce contrat de vente semblent intéressants, et annonciateurs de la suite de cette histoire. Tout d'abord les vendeurs précisent que l'argent de la vente sera remis à Jean de Ligny, seigneur de Grogneul, "en déduction des plus grandes sommes qu'ils lui doivent". Nous reverrons d'ici peu ce personnage, déjà propriétaire de quelques arpents à Boigneville. Et par ailleurs, le contrat précise que les vendeurs, si jamais ils venaient à vendre Yermenonville, ne vendraient en aucun cas les droits honorifiques dans l'église de ce lieu, qui seraient conservés "au fils aîné portant le nom d'Ecrosnes". Il semble donc, pour des raisons qui nous sont inconnues, que Jacques d'Ecrosnes s'était fortement endetté auprès de Jean de Ligny. Ce dernier, seigneur de Grogneul, Saint Piat et autres lieux, lié à la célèbre famille Séguier, conseiller au Parlement, vivant à Paris dans un fort bel hôtel, ne manquait manifestement pas de ressources. (1)

Sans doute pour finir de s'acquitter de ses dettes, Jacques d'Ecrosnes, en accord avec ses fils François, Jean et Guillaume, vend en 1610 la seigneurie d'Yermenonville, "relevant de plein fief du roi, avec réserve expresse pour son fils aîné et ses successeurs des droits honorifiques et prééminence en l'église d'Yermenonville", à un certain César de Caffardel, personnage étonnant d’origine italienne (voir le portrait qui lui est consacré)(1).En 1611, Jacques d'Ecrosnes vend à François 33 setiers de terre qu'il possédait encore. Il disparaît sans doute peu après, de même que Catherine de Chazé, l'épouse de François. Celui-ci se remariera avec Anne Jopitre, qui mourra en 1618 en donnant le jour à un fils, Antoine, qui ne vivra que quelques heures, le temps d'être baptisé (2).

François d'Ecrosnes se remariera en en 1619 avec Anne de Frenicle (1). Ils n'auront pas d'enfant. François d'Ecrosnes mourra très âgé en 1661, en ayant laissé par testament tous ses biens à son épouse (1), ce qui ne sera pas sans poser problème, comme nous le verrons. Il n'y aura désormais plus aucun seigneur de Boigneville portant le nom d'Ecrosnes.

François d'Ecrosnes, comme on le voit sur ce document, savait écrire et signer lisiblement, bien que son orthographe, même pour l'époque, soit approximative !
N.B. On a longtemps écrit ESCRONES au lieu d'ECROSNES comme aujourd'hui.
Acte de décès de François d'Ecrosnes, rédigé par le curé Toussaint Grimoust, qui précise que le défunt était âgé de 90 ans ou environ, et a été enterré dans l'église d'Yermenonville.
u début du 17ème siècle, nous avons vu la famille d'Ecrosnes bien installée à Yermenonville : l'aîné, Jacques est seigneur de Boigneville et le cadet, Antoine est seigneur d'Yermenonville. Mais, en quelques années, tout s'effondre : Antoine meurt sans autre héritier que son frère Jacques, qui vendra Yermenonville avant de disparaître à son tour. Son fils aîné, François, malgré trois mariages successifs, mourra sans héritier direct en 1661, âgé de près de 90 ans. Ce sera la fin de la branche de la famille d'Ecrosnes installée à Boigneville.